Qu'en est-il de l'écriture du scénario ? Savez-vous vraiment comment écrire un scénario ?
Vous êtes aguerris aux différentes manières de trouver et contacter un producteur. Vous maîtrisez la constitution du dossier à lui envoyer pour le convaincre de vous signer un contrat d’écriture. Mais où en sont vos connaissances sur l’écriture d’une histoire ? La conception d’un scénario ?
Il est temps de se pencher sur les différentes techniques et méthodes qui ont fait le succès de plusieurs auteurs•trices et scénaristes au cours des dernières décennies.
Même si vous ne les appliquez pas à la lettre, la connaissance et la maîtrise de ces techniques vous permettront de faire face à toutes situations et retomber sur vos pieds en bouclant une histoire parfaitement structurée.
La première de ces techniques est la structure en 3 actes, enseignée par Syd Field dans son livre L’écriture du scénario.
Comme toute technique, elle a ses aficionados et ses détracteurs. Elle a été, et reste encore, une référence aux USA, tant dans le cinéma hollywoodien que dans les meilleures séries TV. Son efficacité est valable pour n’importe quel récit audiovisuel ou littéraire.
Il est donc important de la connaitre et de la maîtriser afin de pouvoir ensuite s’en affranchir et y revenir comme bon vous semble au gré de vos écritures.
L’article ci-dessous reprend les éléments évoqués dans la vidéos, les complète, les approfondis. Sa lecture est donc fortement recommandée.
La structure en 3 actes ou Paradigme
Une structure dramatique est une progression linéaire d’incidents, d’épisodes ou d’évènements reliés les uns aux autres et conduisant à une résolution dramatique.
La structure en 3 actes se présente donc suivant le modèle ci-dessous :
Comme l’indique le schéma ci-dessus, un scénario doit être construit en 3 parties, en 3 actes distincts.
Acte 1 - Le commencement
C’est une mise en situation d’une trentaine de pages qui permet de jeter les bases de l’histoire, de présenter le personnage principal, sa situation et les prémisses dramatiques de l’histoire.
À la fin du 1er acte, il y a un pivot dramatique. C’est à dire un incident ou un évènement qui modifie radicalement le cours de l’histoire et la propulse dans une nouvelle direction.
Par exemple, votre héros est une avocate stagiaire qui prépare son mémoire de thèse. Vous décrivez son quotidien, ses fréquentations, ses relations, etc.
Elle parle à son directeur de thèse de différents procès qu’elle va étudier pour étayer son mémoire. Elle se rend à la bibliothèque de la faculté pour consulter différents livres. Son petit ami l’appelle pour l’inviter. Elle range un des livres dans son sac pour le consulter plus tard et quitte la bibliothèque.
Rien d’exceptionnel jusque là. Un comportement normal dans une vie paisible et routinière.
Mais, à la sortie de la bibliothèque, une camionnette s’arrête à la hauteur de la jeune femme et 2 hommes tentent de l’enlever. La jeune femme incrédule ne doit son salut qu’à l’intervention du gardien de la bibliothèque alerté par les cris. À partir de là, elle bascule dans un autre monde qui va bouleverser son quotidien, ses convictions, ses croyances.
Toute l’histoire du film va consister, pour cette avocate stagiaire à comprendre pourquoi on lui en veut alors qu’elle n’a rien fait de particulier.
En fait le fait d’avoir mis dans son sac un livre particulier, traitant d’un procès particulier dont l’étude approfondie risquerait de mettre en lumière un délit grave pouvant compromettre un personnage puissant de la vie publique, a projeté la jeune femme dans une dimension qu’elle ne soupçonnait pas quelques minutes avant. L’élément déclencheur, le pivot de l’acte 1 correspond donc au fait d’avoir mis ce fameux livre dans son sac.
Acte 2 - La confrontation
C’est le plat de résistance de l’histoire ! Le déroulement du conflit indispensable à tout drame.
Une fois les besoins, les motivations et les buts du personnage principal bien définis, il est possible de créer tous les obstacles à l’accomplissement de ces buts et donc de créer un conflit. Tous ces obstacles dictent l’action dramatique de l’histoire.
À la fin de l’acte 2, il y a un 2e pivot dramatique. C’est cette fois un incident ou un évènement qui conduit à la résolution de l’histoire.
Dans la continuité de l’exemple précédent, la confrontation du 2e acte représente les épreuves que va traverser l’avocate stagiaire pour comprendre ce qui lui arrive. Pourquoi cela lui arrive. Qui est derrière tout ça. Qui sont ses alliés, ses ennemis. Comment sauver sa peau et retrouver sa vie d’avant.
Le 2e pivot pourrait être un indice permettant à l’héroïne de découvrir le délit compromettant dans la lecture du procès. Cela la mènerait directement à la personne qui veut lui nuire.
Acte 3 - Le dénouement
C’est la résolution de l’histoire. Comment finit-elle ? Qu’arrive-t-il au héros ? Réussit-il ? Est-il tué ?
Un dénouement réussi résout l’histoire de manière à la rendre claire et complète. Elle permet aussi de montrer l’évolution du héros à la fin de l’histoire.
Plusieurs dénouements sont possible pour l’avocate stagiaire.
• Soit elle arrive à confondre définitivement son opposant. Elle est sauve, mais sa vie a changé.
• Soit elle trouve un compromis avec son opposant et reste dans un statu quo incertain. Cela pourrait augurer une suite à l’histoire.
• Soit elle échoue. L’opposant était trop puissant.
Dans les 3 cas de figure, elle aura évolué d’une façon ou d’une autre. Sa vie ne sera plus la même après la confrontation. Le 2e pivot pourrait être un indice permettant à l’héroïne de découvrir le délit compromettant dans la lecture du procès. Cela la mènerait directement à la personne qui veut lui nuire.
La structure en place, il est temps de développer les différentes étapes de la construction du scénario.
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La Construction d'un Scénario
Chaque acte du Paradigme est une unité, un bloc d’action dramatique. Il est structuré d’un commencement, d’un milieu et d’une fin.
Par exemple pour l’Acte 1 qui représente le commencement, il y a le commencement du commencement, le milieu du commencement et la fin du commencement qui contient le premier pivot dramatique.
Le 1er acte présente le contexte dramatique, c’est la mise en situation. Il faite une trentaine de pages.
Le 2e acte est le milieu du scénario, la confrontation. Il fonctionne sur le même modèle que le 1er acte avec un commencement, un milieu et une fin qui contient le 2e pivot qui annonce la résolution.
Le 3e acte qui représente la résolution fonctionne également sur le même modèle.
Chaque acte suit une direction, une trajectoire définie. Dans la construction du 1er et 2e acte, le pivot est la direction à atteindre.
Le sujet
Qu’est-ce que le sujet d’une histoire ?
Une personne fait quelque chose quelque part. Cette personne est le personnage central et ce qu’elle fait constitue l’action. L’action est ce qui arrive et le personnage central la personne qui cela arrive.
Le sujet est donc la combinaison d’une action et d’un personnage.
Comment déterminer le sujet ?
En déterminant l'action en premier.
Il y a 2 types d’action : Physique ou Psychologique.
La première question à se poser est donc : est-ce un film d’aventure ou un film psychologique ?
Les deux types d’action peuvent se côtoyer, mais l’une doit être forcément plus présente que l’autre.
En déterminant le personnage ensuite.
Un personnage se détermine par sa motivation et son action.
La motivation du personnage apporte un but et détermine la fin de l’histoire.
La manière dont le but est atteint ou non par le personnage détermine son action.
C’est le moteur de l’histoire. C’est l’action même de l’histoire.
Si l’action et le personnage sont parfaitement définis, il est facile de trouver le besoin du héros et de créer les obstacles à la réalisation de son but.
Il suffit alors de créer suffisamment de conflits pour retenir l’attention du spectateur et acheminer l’histoire vers son dénouement.
Le personnage
Il est important de bien connaître son personnage. De définir clairement le personnage principal, le héros. L’action de l’histoire vient du personnage. L’action est l’essence du personnage.
Le même travail s’appliquera ensuite aux autres personnages de l’histoire, par ordre d’importance. Puis à l’interaction entre les différents personnages.
La création d’un personnage se fait en 2 étapes :
Définir sa vie intérieure.
La vie intérieure du personnage doit être définie depuis sa naissance jusqu’au moment présent de l’action du film. C’est-à-dire une véritable biographie.
Certains scénaristes définissent même son thème astral pour s’inspirer de certaines influences sur son caractère, évènement, chemin de vie.
La vie intérieure forme le personnage.
Définir l'aspect extérieur du personnage.
C’est-à-dire les rapports qu’il entretient ou pas avec les autres personnages entre le début et la fin de l’histoire.
L’aspect extérieur révèle le personnage et permet de définir sa motivation et son action en tant que personnage
Le Dialogue
Le dialogue est fonction du personnage. Les fonctions du dialogue sont :
- Faire avancer l’histoire,
- Communiquer des faits et des informations,
- Révéler les personnages,
- Établir des relations entre les personnages,
- Rendre les personnages véridiques, naturels, spontanés,
- Révéler les conflits de l’histoire,
- Révéler les états émotionnels des personnages,
- Commenter l’action.
Les 10 premières pages
La mise en place de l’histoire ne doit pas dépasser une trentaine de pages. Mais les 10 premières pages doivent êtreparticulièrement efficaces. Elles doivent faire comprendre au lecteur ou spectateur :
- Qui est le personnage principal, le héros,
- Quel est l’argument dramatique,
- Quelle est la situation dramatique.
Les 10 premières pages sont donc cruciales et absolument déterminantes. Elles déterminent si l’histoire fonctionne et si la mise en situation est efficace ou pas.
Il est souvent préférable de rédiger la fin en premier. Ainsi le but à atteindre est défini et le commencement s’organise plus facilement.
La séquence
Un scénario s’apparente à un système se composant de différentes parties qui sont reliées entre elles et unifiées par l’action, les personnages et l’argument dramatique. Il contient donc des commencements, des fins, des pivots, des prises de vues et d’effets, des scènes et des séquences.
La séquence est l’élément le plus important d’un scénario. C’est la colonne vertébrale du scénario, l’élément qui lui donne sa cohésion.
L’idée spécifique est l’unité ou le bloc d’action dramatique contenu dans la séquence. C’est le contexte. Le contenu, lui s’exprime à travers les scènes.
Par exemple un mariage, une poursuite, un braquage, un départ, une arrivée, une réunion…
Dans notre exemple de l’avocate stagiaire, toutes les scènes qui se passent à la bibliothèque font partie de la séquence Bibliothèque. Les actions se déroulant ensuite dans la rue font partie d’une autre séquence.
Le scénario peut-être défini comme une série de séquences rattachées ou reliées par une intrigue dramatique.
Chaque séquence à un commencement, un milieu, une fin. Elle peut être structurée avec le Paradigme, avec des rebondissements.
Par exemple l’avocate stagiaire pose ses affaires sur une table de la bibliothèque et se dirige vers les étagères à livres. Un homme s’assoit plus loin et l’observe. L’avocate revient avec plusieurs livres. Gros plan sur un livre particulier. Elle ouvre le livre en question et cherche la page d’un procès particulier. L’homme se lève discrètement et sort un pistolet avec un silencieux. Au moment où l’avocate arrive à la bonne page et commence à lire, son téléphone sonne. La sonnerie résonne dans la salle. L’avocate, gênée, décroche. C’est son petit ami. L’homme se rassoit. L’avocate met les livres dans son sac et quitte la bibliothèque. L’homme la suit en parlant au téléphone.
La scène
La scène est un autre élément essentiel d’un scénario. Elle désigne le moment où il se passe quelque chose, un évènement précis.
Une scène est une unité d’action spécifique. C’est là que l’histoire est racontée. La fonction d’une scène est de faire avancer l’histoire.
Plusieurs scènes forment une séquence si elles poursuivent la même idée directrice.
Une scène comporte toujours deux choses :
- Un lieu – Quel endroit ?
- Un temps – À quelle heure ?
Si le lieu ou le temps change, c’est une nouvelle scène.
Exemple de rédaction du titre d’une scène : INT. BIBLIOTHEQUE – FIN DE JOURNÉE
La scène se structure également en commencement, milieu et fin.
À la différence que seule une de ces trois parties peut-être montrer au spectateur. Les autres pouvant être évoqués par un son off ou un dialogue dans une autre scène, selon les choix de narration de l’histoire.
Voilà !
Vous connaissez maintenant la structure en 3 actes qui est la méthode la plus simple et efficace pour construire un premier scénario.
Quelques infos utiles supplémentaires
La construction du premier jet d’un scénario prend en moyenne de 2 à 6 mois à raison de 4h de travail par jour.
L’utilisation de fiches sur lesquelles sont notées les idées directrices de chaque scène est une aide précieuse qui peut faire gagner beaucoup de temps.
En effet, vous pouvez ainsi ajouter, déplacer supprimer les scènes à votre gré tout en gardant une vision globale de la structure et du rythme de chaque acte. Vous maîtrisez la direction de l’histoire et pouvez donc l’adapter très rapidement aux désidératas du producteur ou du diffuseur.
Je reviendrai sur certains points dans de prochains articles. La base de construction étant similaire à beaucoup de méthodes.
© Jean-Walter 2020
Crédits illustrations :
Image par mohamed Hassan de Pixabay
Image par waldryano de Pixabay
Image par 272447 de Pixabay
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À mon réveil hier à 23h, j’ai eu ce fort désir d’écrire à un producteur de films. Je fais de rêves pas commun et une imagination débordante, j’écris de temps en temps mes rêves, un hasard que je j’appellerai pas un hasard,suis tombé sur ce site qui m’a appris beaucoup de choses en quelques heures. Merci infiniment.
Merci
J’ai écrit un roman ‘noir’ en deux parties.La première partie est composée de 130 pages environ, en format A4.L’histoire qui se déroule dans le milieu de la drogue et des voyous, se termine dramatiquement par la mort violente de presque tous les personnanges, sauf une femme traumatisée qui perd la raison et est enfermée en centre psychiatrique…
La deuxième partie faisant aussi environ 130 pages, raconte la vengeance de cette femme qui était enceinte au moment de la fin de la première partie.
Lorsqu’elle est libérée du centre psychiatrique, elle se met à la recherche de son enfant âgé de 10 ans.En même temps elle se venge du drame qu’elle a vécu dans le milieu de la drogue.Elle enchaîne les meurtres sans attirer l’attention de la police sur elle.Pendant la seconde partie, cette femme prénommée CORINE, elle retrouve des bones et des mauvaises relations qui vont l’aider.Elle a tout pour réussir une bonne nouvelle vie, mais sa détermination va la diriger vers un drame inattendu et va tout perdre, perdre la vie violemment…
Les gens de mon entourage qui ont lu cette histoire adorent ce roman.
Comment le faire porter à l’écran.
Jean LINAY.
Merci de m’avoir lu.
J’espère des réponses…
Si vous souhaitez porter votre roman à l’écran, vous devez en proposer une adaptation à un producteur et le convaincre d’en faire un film pour le cinéma, un téléfilm ou une série pour la TV.
L’adaptation est un exercice assez périlleux pour l’auteur du roman source. Il doit supprimer plusieurs sous-intrigues et personnages pour ne conserver que la trame centrale et les personnages les plus marquants tout en rédigeant l’histoire à travers les codes spécifiques d’une oeuvre audiovisuelle. Il est peut-être préférable de vous faire aider par un scénariste habitué à cet exercice.
Bonjour Jean-Walter, tu parles de scénario dramatique, mais lorsque nous faisons du comique la construction est la meme … Nous n’avons pas ou presque pas d’antagoniste ou de situations difficiles à surmonter, la construction est la meme ?
Attention à ne pas confondre « la construction dramatique » et le « drame ». La construction dramatique sert à structurer la narration d’une histoire. Le drame est un genre de narration. Comme la comédie.
La construction est donc la même quel que soit le genre de la narration. C’est l’utilisation des archétypes, les situations et le ton de la narration qui vont créer la comédie une fois la structure dramatique bien posée.
Dans « Qu’est-ce qu’on à fait au bon dieu ? », par exemple, vous avez le père africain comme antagoniste ; la xénophobie et les idées reçues comme problèmes à surmonter. Les problèmes à surmonter sont d’ailleurs les mêmes chez le protagoniste et l’antagoniste.
Merci Jean Walter, c’est effectivement la confusion que j’ai fait entre la construction dramatique et le drame. Une demande es ce que le forum sur Facebook est privé et disponible à tous, dans le sens n’importe qui peut nous lire ?
La page Facebook est publique. N’importe qui peut donc en lire le contenu.
Je vais créer prochainement groupe privé Facebook. Je travaille également à la création d’un forum privé.
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Merci, j’ai reçue beaucoup d’information sur le scénario sur ce site